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Muganga Celui qui soigne : nommer la violence, tenir le regard


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À l’Est de la RDC, on ne parle pas “d’incidents”. On parle d’un processus d’anéantissement. Des villages rasés, des populations déplacées, des femmes et des enfants brisés par des viols de masse utilisés comme arme de guerre. Muganga, Celui qui soigne, premier long de Marie-Hélène Roux, refuse l’euphémisme. Il nomme. Il accuse. Il documente. Porté par Isaach de Bankolé et Vincent Macaigne, le film est actuellement au cinéma, et il faut le voir maintenant.



Dire “génocide” quand c’est ce qui se joue

On peut tourner autour des mots, éviter le fracas, parler de “conflit”. Le film rappelle une vérité brutale : effacer un peuple, ça commence par détruire ses corps et faire taire ses voix. Ici, le viol n’est pas un “dommage collatéral” : c’est une stratégie de terreur. On humilie, on mutile, on réduit au silence pour briser la communauté de l’intérieur. C’est laid, c’est délibéré, c’est politique. Le film le montre sans fioritures ni complaisance.


Là où le soin devient un acte de révolte

À l’hôpital de Panzi, le Dr Denis Mukwege et son équipe dressent une digue contre ce projet d’effacement. Chirurgie, psychotrauma, justice : chaque geste est une manière de rendre un nom là où on voulait ne laisser qu’une statistique. La mise en scène colle aux visages, aux mains, aux respirations avant l’anesthésie. Pas de sensationnalisme ; une pudeur dure. Le soin n’est pas du “care” romantique : c’est une contre-attaque.


Pas d’excuses, pas d’alibi

Muganga refuse le confort des phrases molles. Il relie la violence du Kivu à nos chaînes d’approvisionnement. Le coltan de nos téléphones, le tantale de nos ordinateurs : nos vies connectées ne sont pas neutres. Le film ne moralise pas ; il met chacun devant sa part. On ne peut pas tout résoudre, mais on peut arrêter de se raconter des histoires.


Les interprètes : justesse sans héroïsme

Isaach de Bankolé incarne Mukwege sans posture : pas d’auréole, un homme qui tient. Vincent Macaigne joue l’allié qui apprend vite, qui écoute, qui se met au service. Autour, Manon Bresch, Babetida Sadjo, Déborah Lukumuena : des trajectoires singulières, jamais réduites au statut de “victimes”, mais femmes debout.


Pourquoi il faut y aller, maintenant

Parce que se taire, c’est cautionner. Parce que le cinéma peut faire ce que les dépêches n’osent plus : regarder en face. Parce qu’une salle, c’est une communauté éphémère capable de transformer la colère en courage utile. Et parce qu’il est en salles aujourd’hui.

Fiche express (utile & claire)


  • Titre : Muganga. Celui qui soigne

  • Réalisation : Marie-Hélène Roux

  • Avec : Isaach de Bankolé, Vincent Macaigne, Manon Bresch, Babetida Sadjo, Déborah Lukumuena

  • Origine : France / Belgique

  • Genre : drame inspiré de faits réels

  • Durée : 1h45

  • Statut : ACTUELLEMENT AU CINÉMA


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