Penola Lawson : La féminité, une arme redoutable
- Mrs Chanel Aïssa
- 30 mai
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 juin

Directeur Artistique / Photographe : @itumbambokolo_
Vidéaste : @kenny.vphotographiste
Production Exécutive : @jayciaoffice.pr
Styliste : @juliette.ver
MUA : @clairevillardparis
On ne cultive pas assez nos ressources intérieures parce qu’on dédie notre vie à être en “quête de”. La féminité, en elle-même, est le “concept de matrice créatrice”.
C’est dans cette quête que Penola Lawson a décidé de construire la pierre de son propre édifice. On l’a connue sur YouTube et on l’a vue grandir dans un paysage qui manquait cruellement de représentation. Dans cette interview, on redécouvre celle qui, autrefois, nous divertissait à travers ses storytime. C’est à présent une femme aux multiples casquettes, qui ne cesse de bâtir les fondations de son empire.
Ta première vidéo YouTube date d’il y a 7 ans et s’intitulait « La jalousie entre amis ». C’est sur cette plateforme que tu t’es développée au fil du temps, que ce soit en termes de qualité de tes vidéos, des sujets abordés ou encore des conseils sur la vie quotidienne.
Aujourd’hui, tu fais partie de ces personnes avec qui nous avons littéralement grandi et que nous avons vues grandir. Peux-tu te présenter en quelques mots et nous expliquer un peu ton parcours ?
Alors, je m’appelle Lawson Penola, j’ai 26 ans. Je suis créatrice de contenu et créatrice de parfums. Ça fait sept ans maintenant que je suis youtubeuse et cela fait quatre ans que je me suis lancée dans l’aventure de l’entrepreneuriat. Je suis donc assez occupée dans mes journées, mais c’est ce qui me stimule.
Qui étais-tu il y a 10 ans ?
Il y a dix ans, j’avais 16 ans. J’étais au Bénin, dans le fin fond d’un village où mes parents m’avaient envoyée pour me punir. Sur le moment, je l’ai mal vécu, mais avec du recul, ça m’a aidée à préparer mon avenir. Cela a façonné chaque partie de moi. Tous les rêves que j’ai accumulés pendant mon adolescence, j’ai pu les concrétiser.
Sur les réseaux sociaux, on voit que tu es très famille. Comment ton éducation, le fait de venir d’une famille nombreuse et d’endosser ce rôle de grande sœur t’ont-ils forgée ?
Je suis issue d’une famille togolaise avec une éducation stricte et des valeurs humaines très profondes. L’une des phrases clés était : « Traite ton prochain comme tu aimerais qu’on te traite. » Aujourd’hui, en tant que patronne, je traite mes employés comme je traite mes clients. Je suis une personne humble et consciente de la valeur de certaines choses que je ne peux prendre pour acquis. L’éducation que mes parents m’ont inculquée se reflète beaucoup dans ma façon d’être et d’interagir avec les autres.
Comment ta famille constitue-t-elle un moteur dans ta vie de tous les jours ?
Ma famille représente un amour inconditionnel, un amour qu’on n’a pas peur de perdre. C’est au-delà d’une relation avec un ami ou un homme. La famille, tu sais très bien que, peu importe les caprices ou les folies que tu feras, ils seront toujours là pour toi. Et c’est ce qu’ils m’ont témoigné durant ces 26 années. Je leur en ai fait voir des vertes et des pas mûres, mais ils sont toujours là, à me soutenir, à être présents pour moi. Donc, c’est un amour qui est inexplicable, incassable et qui me comble chaque jour.
Comment la création de contenu t’a-t-elle permis de faire une introspection et une autocritique ?
Je crois qu’on est tous déjà tombés sur de vieilles photos ou vidéos de nous-mêmes. On a tous ressenti une certaine honte face à cette ancienne version de nous. Je dirais qu’à cela, en ce qui me concerne, s’ajoute un sentiment de fierté. Cela retranscrit mes ambitions, mes folies et la preuve de mon évolution constante.
Tu es passée de youtubeuse à entrepreneure depuis quatre ans. Quels défis as-tu rencontrés en passant de YouTube à l’entrepreneuriat, notamment en termes de préjugés ?
Aujourd’hui, quand on achète chez Zara, on ne sait pas qui est derrière. On n’associe pas le produit à un visage. Or, je suis le visage de ma marque de parfum, une femme noire en France. Quand on veut toucher un public large et que l’on sait à qui appartient la marque, c’est plus compliqué. En tant que youtubeuse, je me représente moi-même, mais ma marque de parfum, elle, est tournée vers autrui et doit inclure tout le monde. Une jeune femme blanche m’a demandé si mes parfums étaient aussi pour elle. J’ai répondu oui, mais j’ai regretté que cela n’ait pas été évident pour elle que ma marque lui soit également destinée. La difficulté est donc de vouloir toucher tout le monde et d’inviter les gens à découvrir le produit avant de l’associer à ma personne.
Pourquoi le secteur de la parfumerie ? Qu’est-ce qui t’a attirée ?
Je trouve que le parfum est la cerise sur le gâteau. On peut être bien habillé, bien maquillé, bien coiffé, mais sans cette touche finale, c’est comme s’arrêter en pleine préparation d’un gâteau au chocolat. Le parfum, c’est une signature, une identité. Ça raconte des émotions. Rien qu’en sentant une femme, on peut deviner si elle est coquette, mature ou si elle a un fort caractère. J’aime ce côté non verbal du parfum. Rien qu’en me voyant, en me sentant, on peut déjà saisir mon caractère, une partie de mon essence.
Peux-tu nous expliquer un peu le processus de création de tes parfums, et notamment les différentes notes et saveurs qu’on peut y retrouver ?
Quand je discute avec mon équipe, je n’ai pas leur expertise dans la création de parfums. Je suis juste une cliente exigeante qui avait du mal à trouver des parfums qui lui correspondaient, alors j’ai créé les miens. Je suis cette cliente à la recherche d’émotions, sensible aux histoires. Cette création relève d’une poésie que chacun doit pouvoir ressentir.
Donc, quand je parle avec mon équipe de la création d’un parfum, je leur parle d’effet, de ressenti. Je veux qu’il soit sensuel, sexy, intrigant, mystérieux. C’est comme ça que je communique mes envies et qu’ils les matérialisent avec leur expertise.
Pendant tout le processus, il y a un échange. C’est une équipe d’experts qui intervient mondialement dans le secteur de la parfumerie. Je n’ai ni le jargon ni l’expertise, mais j’en ai l’envie. Donc j’apprends, je me renseigne, je deviens moi-même pointue dans ce domaine, et c’est cette envie qui rend cette création si unique, pointue et rare.
Je sais qu’on est des milliards comme moi, des milliards à vouloir matérialiser le produit parfait qui pourrait répondre à nos attentes. J’avais du mal à trouver des parfums qui étaient exactement ce que je voulais. Ce regard de consommatrice s’avère être la clé.
Quelles sont les valeurs fondamentales que ta marque porte aujourd’hui ?
Ma marque défend aujourd’hui une femme puissante. Ce n’est pas une femme qui a peur qu’on la remarque, ni de celles qui en font trop. C’est une femme qui ne cille pas devant le regard des autres et se glisse dans un paysage où elle impose ses règles calmement. C’est une femme qui embrasse sa féminité avec ferveur en créant les notes de son propre jardin.
Que dirais-tu aux femmes qui aimeraient se lancer dans l’entrepreneuriat ? En quoi la féminité donne-t-elle du pouvoir et permet-elle aux femmes de mieux s’affirmer et de se défendre dans ce secteur ?
C’est une excellente question ! Je crois que, comme pour tout le monde, le jour où tu prends pleinement conscience de ton propre pouvoir intérieur, il faut simplement capturer cette énergie et la développer. C’est un travail intérieur pour révéler les différentes facettes qui t’aideront à débloquer des étapes de ta vie. En tant que femme, la féminité fait partie de ce processus. Une fois que tu l’embrasses pleinement, tu te sens simplement en phase. Rien ne se crée, tout se transforme et nous sommes notre propre matière.
Parlons de ta seconde marque, Penola. Peux-tu nous en dire plus ?
C’est une marque axée sur les produits de bien-être. Elle se présente sous forme de thé ou de poudre.
Depuis petite, on m’a toujours appelée « Bouboule ». J’étais une enfant et une ado précoce. Je me souviens, à douze ans, on me demandait si j’avais moins de 26 ans pour le tarif réduit au cinéma ! J’avais des formes très tôt, j’étais ronde et j’en ai beaucoup souffert. Aujourd’hui, je comprends que c’est peut-être ce qui m’a permis d’entreprendre plus tôt et d’avoir la carapace nécessaire. J’ai longtemps cherché des recettes pour maigrir. Je ne prétends pas avoir créé un produit miracle, et il faut faire un minimum d’efforts pour perdre du poids avec mes produits. Mais ils m’ont beaucoup aidée. J’ai perdu près de 20 kilos grâce à mes recherches. Il y a un an et demi, j’ai donc créé une marque minceur française pour aider les femmes comme moi à se reconnaître, à s'aimer, à se réapproprier leur corps et à se sentir mieux dans leur peau.
Tout vient de la nature. Chaque solution, qu’il s’agisse d’un mal de dents soulagé par un clou de girofle ou d’un excès de sébum.
J’ai donc exploré les bienfaits des plantes en Afrique et en Asie, découvrant des formations fascinantes. Après plusieurs tests et combinaisons, j’ai identifié des plantes qui favorisent le drainage et d’autres qui aident à réduire l’appétit. Le konjac, par exemple, gonfle au contact de l’humidité, occupant de l’espace dans l’estomac et aide à limiter les gonflements. Je propose ces bienfaits sous forme de thé infusé, composé d’extraits de plantes et d’herbes à infuser dans l’eau chaude.
Quelle est la force de l’entrepreneure qui est en toi ?
Finalement, les deux produits viennent répondre à mes propres besoins. C’est comme si elles offraient des armes à l’enfant que j’étais. C’est une façon de réagir, de se dire : « J’avais des problèmes avant, et aujourd’hui, au lieu de chercher des solutions dans d’autres produits, je préfère entreprendre. » Je crée un business qui répond à mes propres besoins et, par conséquent, aide d’autres personnes.
J’aime sentir que ce projet m’appartient entièrement.
Comment décrirais-tu ton style vestimentaire ?
Mon style vestimentaire est très simple. Je ne suis pas une grande fashionista qui mélange plein de couleurs. J’aime quand c’est simple, efficace et surtout très élégant. J’ai souvent une paire d’escarpins dans mon look. J’apprécie les couleurs comme le noir, le beige, le blanc, le crème, ce genre de teintes. En termes de maisons ou de créateurs que j’aime, j’aime beaucoup Hermès, notamment la finesse et la qualité de leurs produits. Et, peut-être moins connue, j’aime beaucoup la marque Frankie Shop. Ils mélangent bien le streetwear décontracté et classe. Pour être honnête, je n’ai pas vraiment un style prédéfini, juste des coups de cœur.
Quels sont tes petits conseils de féminité à donner à celles qui aimeraient développer leur pouvoir en tant que femmes ?
Je dirais à chaque femme d’avoir une routine qu’elle ne délaisse sous aucun prétexte. Que ce soient les cils, les ongles ou les cheveux toujours impeccables, c’est de l’entretien. On ne doit pas se dire « Ah, je suis fatiguée ». Il ne faut pas s’oublier et toujours prendre soin de soi quotidiennement. C’est une discipline en tant que femme, un caprice qu’on se doit de s’offrir.
Des projets futurs ?
Je vais bientôt sortir un thé intime, un thé pour réparer la flore de la femme, pour tout ce qui est démangeaisons, odeurs désagréables ou douleurs de règles. Il y aura aussi un cinquième parfum. Je pensais en avoir fini avec les parfums, mais je suis allée à Monaco, et en voyant toutes ces belles personnes bien habillées et qui sentaient bon, je me suis dit qu’il fallait en créer un cinquième. Il est axé autour de la vanille, très gourmand, mystérieux et luxueux.
Un dernier mot à donner à Yris ?
Merci pour l’invitation. J’apprécie la qualité de ce que vous faites. Les photos sont magnifiques, et je sais qu’à travers une photo dans un magazine, on voit le travail qu’il y a derrière. Tout cela est rendu possible grâce à vous, grâce à chaque effort personnel. Félicitations !
J’espère qu’à travers mes dires, beaucoup de femmes et d’hommes réussiront à se réinventer et à comprendre que tout vient de soi et qu’entreprendre, c’est répondre d’abord à ses besoins.





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