Anna Wintour quitte la direction éditoriale de Vogue US après trente-sept ans

Une transition contrôlée qui ouvre la voie à la succession dans le groupe Condé Nast

Un départ… sans véritable retrait

Jeudi 26 juin 2025, Anna Wintour a annoncé à son équipe qu’elle allait recruter un « Head of Editorial Content » pour l’édition américaine de Vogue, mettant fin à son règne ininterrompu depuis 1988. L’icône de 75 ans ne délaisse pas pour autant le groupe : elle conserve son double rôle de directrice mondiale du contenu chez Condé Nast et de directrice éditoriale globale de Vogue.

Presque quatre décennies d’influence

Arrivée à New York après un passage à la tête de Vogue UK, Wintour a façonné le magazine en mêlant haute couture et culture pop, popularisant les couvertures de célébrités et découvrant des créateurs comme Marc Jacobs, Alexander McQueen ou John Galliano. Elle a aussi transformé le Met Gala en événement caritatif majeur, récoltant plus de 300 millions de dollars pour le Costume Institute.

Un périmètre mondial déjà élargi

Depuis la réorganisation de Condé Nast en 2021, chaque marché possède un responsable éditorial qui rapporte à Wintour. L’arrivée d’un homologue pour l’édition US doit lui libérer du temps afin de superviser plus étroitement les seize versions internationales de Vogue et des titres comme Vanity Fair, GQ ou Wired.

Succession ouverte, questions stratégiques

Le poste de « Head of Editorial Content » sera nouveau dans la structure américaine ; il ou elle gérera les opérations quotidiennes tout en répondant directement à Wintour. Les observateurs y voient un test grandeur nature pour préparer l’inévitable ère post‑Wintour, sans brusquer l’équilibre interne.

Ombres au tableau

Malgré son pouvoir, la rédactrice a été critiquée pour le manque de diversité au sein du magazine, notamment lors du mouvement Black Lives Matter. Elle avait alors reconnu « ne pas en avoir fait assez » et promis des changements — engagements que son successeur devra concrétiser.

Ce qui change (et ce qui reste)

• Les décisions stratégiques mondiales, les événements signature (Met Gala, Vogue World) et la ligne éditoriale globale restent entre les mains de Wintour.

• Le nouveau directeur du contenu éditorial pilotera la rédaction américaine, l’impression, le site et les réseaux sociaux.

• Condé Nast ne prévoit pas, pour l’instant, de rechercher un nouveau rédacteur en chef au sens traditionnel, signe d’une évolution vers une gouvernance plus horizontale.

  
  

En se mettant en retrait de la gestion quotidienne, Anna Wintour étend paradoxalement son influence : elle devient davantage stratège que chef d’orchestre. Reste à savoir qui saura incarner la prochaine voix de Vogue US, et si ce changement suffira à moderniser un titre emblématique dans un paysage médiatique en mutation rapide.