Photographer : Andrea Beldua
Femme et exigence, prise dans les filets d’une société patriarcale, on évite malicieusement d’associer beauté et intelligence.
Exigence et femme, capturées dans cette ère prétendument progressiste, on finit toujours par s’abandonner dans les bras de nos rêves d’enfants, que l’on pensait isolés à tout jamais.
« C’était le plan de ma vie. »
En embrassant pleinement notre identité, nous tenons notre destinée du bout des doigts de par ce dévouement à nos aspirations les plus profondes.
C’est ainsi que l’on retrouve dans cette interview Cassy Legaspi, une actrice d’origine philippine et créatrice de contenu. Elle se met à nu dans cette interview en revenant sur son magnifique parcours et ses aspirations.
POUVEZ-VOUS VOUS PRÉSENTER EN QUELQUES MOTS ?
Je suis Cassy Legaspi, actrice et créatrice de contenu ici aux Philippines. Mon contenu et ce que je fais consistent essentiellement à partager ma vie, mes prises de risque au quotidien, mon goût pour la mode et la beauté, ma vision et mon style de vie. J’aspire à devenir une reine du showbiz, déterminée à briser les normes et à créer mon propre chemin sans jamais m’excuser.
PARLEZ-NOUS DE VOTRE ENFANCE, OÙ AVEZ-VOUS GRANDI ET QUELS SOUVENIRS SIGNIFICATIFS AVEZ-VOUS DE CETTE ÉPOQUE ?
Je suis née aux États-Unis (plus précisément à Los Angeles) avec mon frère jumeau, mais quand nous étions bébés, nous avons déménagé aux Philippines, le pays d’où vient vraiment ma famille. En grandissant avec mes parents dans l’industrie du show business, je ne peux pas vraiment décrire les différences d’une «vie normale» par rapport à cela, car dans mon cas, grandir devant les caméras est normal.
Il y avait des week-ends constants où ma famille et moi avions des tournages de publicités, des séances photo, et cela me semblait être comme aller à l’école. Pour une raison quelconque, être devant la caméra me donnait du réconfort et, en même temps, j’ai cet aspect de ma personnalité très introvertie.
Les «normes» pour moi étaient des inconnus me saluant et demandant des photos avec moi, pas seulement avec ma famille mais aussi quand j’étais avec mes amis. Mais j’ai appris à apprécier cela, car en grandissant, il m’était difficile de comprendre ce genre de comportement des autres envers nous.
Une chose que mes parents voulaient pour mon frère et moi était une «vie scolaire normale», donc nous avons effectivement fréquenté une école internationale aux Philippines et participé avec plaisir à des activités parascolaires comme le sport. Mon frère jumeau et moi sommes passionnés de sport depuis l’âge de six ans, avec des entraînements de tennis et de natation, ainsi que du renforcement musculaire entre les deux.
On pourrait penser que nous nous dirigions vers une carrière d’athlètes, mais en réalité, c’était un hobby pour nous. À un moment donné, lorsque j’ai atteint l’âge préadolescent, je suis tombée amoureuse de la danse. Mon premier amour était le ballet, qui s’est finalement transformé en jazz (j’ai même pratiqué la gymnastique), ce qui a conduit à la danse hip-hop. Je ne savais pas que la danse allait ouvrir la voie pour moi afin de plonger vraiment dans l’industrie du cinéma.
QU’EST-CE QUI A INITIÉ VOS PREMIERS PAS DANS LE CINÉMA ? À QUEL MOMENT AVEZ-VOUS VRAIMENT CHOISI D’EN FAIRE UNE PARTIE DE VOUS ?
Grandir devant les caméras, c’est devoir se voir grandir en ligne aussi, un peu comme un album photo en ligne à travers les années. Je me rappelle de ce jour où ma famille et moi regardions nos anciennes interviews et apparitions à la télévision. Nous sommes tombés par hasard sur une vidéo de moi à l’âge de 11 ans disant que je voulais être actrice.
Personnellement, cela m’a surprise car je ne me souvenais pas avoir dit cela dans une interview ou en public.
J’avais un plan, le plan de ma vie. C’était à une époque où je voulais étudier la mode à Londres et devenir designer de mode. Finalement, à l’âge de 16 ans, j’ai décidé que je voulais prendre le théâtre au sérieux et j’en ai parlé à mes parents (qui voulaient tant que mon frère et moi sortions de l’industrie du show business autant que possible), car je ne pouvais pas m’empêcher de m’imaginer comme la vedette de tous les films que je regardais. Je crois que si vous pouvez vous visualiser dans quelque chose, alors c’est vraiment pour vous ; il vous suffit de prendre les mesures nécessaires pour y parvenir.
QUAND AVEZ-VOUS COMMENCÉ SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX ? COMMENT VOTRE CONTENU A-T-IL ÉVOLUÉ AU FIL DU TEMPS ?
En grandissant, mes parents voulaient que les réseaux sociaux de mon frère et moi soient privés afin de maintenir une frontière saine entre la «personne publique» et notre intimité. C’est lorsque j’ai signé avec ma première agence à 16 ans que j’ai réactivé mes réseaux sociaux. À partir de ce moment-là, j’ai été honnêtement choquée par le nombre de personnes que je pouvais atteindre et combien pouvaient avoir accès à ma vie. À partir de là, je n’y pensais pas beaucoup, sauf à publier et à partager du contenu qui montre mes intérêts et qui je suis vraiment. Mon nom était connu mais pas ma personne. Une autre plateforme que j’ai absolument adorée en grandissant (et jusqu’à ce jour) est YouTube. Je voulais commencer ma chaîne depuis des années et finalement, lorsque la pandémie mondiale a frappé, j’ai réalisé «eh bien, voici ma chance d’essayer ce truc YouTube...». Et une fois que j’ai créé ma chaîne et téléchargé ma première vidéo, j’ai ressenti une montée d’excitation que je n’avais jamais ressentie auparavant. À partir de ce moment-là, ma chaîne a continué à croître à un rythme incroyablement rapide jusqu’à ce que je passe de partager ma vie à créer des reprises de danse de haute production (retournant à mon premier amour qui est la danse).
QUELS RÔLES VOUS ONT MARQUÉ DURANT VOTRE CARRIÈRE ?
Je dirais que mon premier rôle, qui est «Nina Acosta» dans First Yaya ou First Nanny (titre international), qui a conduit à une saison 2 appelée First Lady disponible sur Netflix.
Cette série télévisée a été filmée pendant la pandémie et nous avons tous dû travailler deux fois plus dur en raison des limitations que la pandémie nous a imposées. Nous avions des «tournages en confinement» où nous devions tous rester dans un hôtel où aucun étranger n’était autorisé. On avait l’impression de travailler sur une autre planète et je ne voyais pas vraiment ma famille. Nina a eu un impact énorme sur moi car elle m’a appris à être confiante et déterminée. Je sais qu’il y a une partie de moi qui veut être aussi confiante et déterminée, mais qui n’a pas l’espace ou la plateforme pour le faire. Ainsi, j’ai pu exercer ces caractères sur le plateau jusqu’à ce que je devienne finalement plus confiante.
COMMENT DÉCRIRIEZ-VOUS VOTRE STYLE DE VIE ? COMMENT GÉREZ-VOUS VOTRE PERSONNAGE PUBLIC ET VOTRE VIE PRIVÉE ?
J’aime dire que je suis assez sociable. J’aime être dehors, que ce soit pour de simples retrouvailles avec ma famille et mes amis ou pour des événements de réseautage social pour des marques. J’aime vivre aussi «pleinement» que possible, donc je ne fixe pas vraiment de limite.
Cependant, les choses que je veux garder privées, je ne les partage tout simplement pas en ligne. Et parfois, quand je suis trop absorbée par les médias, je retourne simplement à ma routine de base. C’est-à-dire m’éloigner de mon téléphone et faire des activités qui peuvent me rappeler qui je suis vraiment. Je cherche généralement des sujets de journal et commence à écrire à partir de là, faire de l’exercice, lire des livres qui me replongent dans une introspection de moi-même et passer du temps avec les personnes qui se soucient vraiment de moi.
POURQUOI AVEZ-VOUS CHOISI D’ÉTUDIER LE MARKETING D’AFFAIRES ? Y A-T-IL D’AUTRES DOMAINES QUE VOUS AIMERIEZ EXPLORER ?
Je savais qu’en dehors de la mode, j’allais finir dans le monde des affaires d’une manière ou d’une autre, mais je suis le genre de personne qui a besoin d’aimer ce qu’elle fait pour vraiment s’investir. Après avoir étudié les différentes branches du commerce, j’ai réalisé que j’avais un véritable intérêt pour le marketing. Il nécessitait principalement de l’intelligence créative et un besoin constant d’innovation. C’était parfait pour moi puisque je savais que je pouvais utiliser mes apprentissages pour mon propre produit : moi.
Par ailleurs, j’ai récemment redécouvert mon amour pour la mode et j’ai également pris un intérêt pour les arts. Mon «ampoule» pour ce milieu-là, à l’effigie d’un rêve d’enfant isolé, ne m’a jamais quitté et, en vue de ce que j’ai pu accomplir jusque-là, je suis prête à m’y affilier de nouveau.
QUELLES VALEURS PRIORISEZ-VOUS DANS VOTRE VIE QUOTIDIENNE ?
Le respect et la capacité à écouter restent des valeurs que j’incarne et que j’attends de mon entourage.
De nos jours, les gens écoutent seulement pour pouvoir parler, sans comprendre les autres. C’est dans l’écoute que j’ai grandi en tant que personne ; j’ai appris à choisir mes batailles ainsi que quand m’engager ou me désengager de conversations. Aussi, j’ai appris à prendre conscience de mes propres erreurs et réussites. C’est essentiel pour pouvoir continuer à persévérer comme vous le souhaitez.
Enfin, l’une des nombreuses valeurs que je priorise est la gentillesse. Je crois qu’on ne peut jamais se tromper en traitant les gens avec gentillesse, mais les gens ont tendance à oublier d’être gentils avec eux-mêmes. Une chose que j’ai également apprise récemment est qu’être gentil avec soi-même, c’est aussi établir des limites avec les autres, leur montrant comment ils devraient vous traiter en fonction de la manière dont vous vous traitez vous-même.
PARLEZ-NOUS UN PEU DE VOTRE PODCAST, QUEL MESSAGE VOUS SOUHAITEZ TRANSMETTRE ?
Je travaille sur mon vodcast (version vidéo d’un podcast) depuis un certain temps maintenant et c’est quelque chose que je voulais faire depuis que je suis petite. Quelque chose que personne ne sait vraiment sur moi, c’est que je suis très passionnée par la psychologie et ce, depuis l’âge de 8 ans. Je me posais toujours des questions sur la cause profonde des comportements des gens, sur le fonctionnement de l’esprit et sur la façon dont les interactions se déroulent.
En dehors des livres de fiction pour jeunes adultes typiques, j’étais toujours attirée par les livres de développement personnel depuis petite. Je cherchais toujours quelqu’un, que ce soit un auteur ou une personne dans les médias, à titre de mentor qui donnerait des « conseils de grande sœur » vraiment perspicaces. Avec cela, j’ai pensé : pourquoi ne pas devenir la « grande sœur » ou la « meilleure amie » que je cherchais depuis tout ce temps ?
Mon vodcast est entièrement consacré à partager mon parcours et la sagesse que j’ai acquise jusqu’à présent en naviguant dans ma vingtaine en tant que femme à notre époque, ce qui est vraiment difficile mais dont personne ne parle vraiment. J’ai prévu de créer ce type de contenu dans l’espoir que mon vodcast aide les personnes qui ont besoin d’un léger coup de pouce pour sortir du fond et atteindre leur plein potentiel, et leur version la plus paisible. Je veux aussi montrer qui je suis maintenant, en retirant la parole aux opinions fausses sur moi.
SI VOUS DEVEZ CRÉER VOTRE PROPRE PERSONNAGE POUR UN FILM, COMMENT LE CONSTRUIRIEZ-VOUS ? QUELLES SERAIENT SES LUTTES, SES SOUFFRANCES, ET QUEL SYMBOLE INCARNERAIT-IL ?
Maria, elle est physiquement féroce, belle et audacieuse peu importe comment elle s’habille à n’importe quel moment de la journée. Elle peut avoir l’apparence d’une femme sirène à l’intérieur, mais si vous regardez dans ses yeux, vous voyez une femme simple remplie de connaissances. En raison de son physique audacieux et de son «énergie féminine sombre», les gens ont tendance à la mettre dans une case.
C’est pourtant ce genre de femme calme et paisible qui a beaucoup de sagesse à partager, mais qui est constamment rabaissée et rejetée par les autres. Cela lui fait mal d’être jugée sans exprimer entièrement son vrai moi. Finalement, elle se fixe des limites pour elle-même et pour les autres et apprend enfin à s’exprimer de la manière la plus authentique possible. Maria symbolise un espoir, un échappatoire aux préjugés.
COMMENT DÉFINIRIEZ-VOUS VOTRE STYLE ?
Mon style a traversé sa propre crise d’identité au fil des ans, mais une chose est restée constante : il a toujours été audacieux. J’ai tendance à jouer avec différents types de styles, mais je penche vers un style plus «masculin» ou «classique». Je suis le genre de personne qui préfèrera toujours un pantalon plutôt qu’une jupe, mais je choisirai définitivement des talons kitten plutôt que des baskets de temps en temps (et ça vient d’une passionnée de baskets !).
Ce que je recherche dans chaque tenue que je porte, que ce soit pour traîner à la maison ou pour aller à des événements de mode ou bals, c’est toujours la forme. Je prends soin de m’habiller de façon à être mise en valeur.
J’ai souvent été complexée par ma taille, car elle est au-dessus de la moyenne. Par la suite, j’ai appris à aimer ma taille et j’ai réalisé qu’au lieu d’en faire une insécurité, pourquoi ne pas en faire une particularité, qui mérite d’être mise en avant ? Mon style a donc évolué vers des pantalons qui allongent mes jambes, des robes avec une coupe spécifique pour montrer ma taille et, pour couronner le tout, des talons de 5 pouces ou plus. J’ai tendance à privilégier des couleurs plus sombres, car je trouve que cela fonctionne mieux avec ma personnalité colorée et pétillante.
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